Des rives en dérive

Publié le par Zizanie

Ai hésité à acheter mon billet pour Marseille. Pas très longtemps, en fait. Vu l’état de mes finances, je suis contrainte de remettre à plus tard la mise au point.
Parce que si Tarabas a repris contact avec moi (pour m’en mettre plein la gueule, accessoirement), rien n’est réglé. Ben non, évidemment que non. Je ne peux concevoir qu’il ne fasse plus partie de ma vie. Et même si j’ai pris le large sur un coup de tête, ce n’était pas pour m’installer ailleurs. Seulement pour faire un petit tour et revenir. Comme d’hab.

La bestiole me connait bien. S’il n’avait pas fait le premier pas, je me serais murée dans mon silence. Fierté mal placée, tout ce que vous voulez. Bref, même si j’en crève d’envie, je n’aurais pas pu envisager de revenir la queue entre les jambes. C’aurait été difficile, vous en conviendrez. Jusqu’à preuve du contraire, je n’en suis toujours pas pourvue. La preuve que c’était à lui de le faire. Et toc.

Une Zizanie ne présente jamais ses excuses. Une Zizanie ne reconnait jamais ses torts. Et surtout, une Zizanie refuse de laisser entrevoir la moindre faiblesse.
Et pour moi, les sentiments en sont. Ce sont des plaies ouvertes qui menacent de s’infecter à tout moment. Non je n’avais pas moins gore comme métaphore. On a les associations qu’on peut.

La béquille est toujours dans les parages. Je m’épanche et fais semblant de compatir. De l’écouter aussi. Non, parce que faut pas déconner, je ne vais pas me mettre à éponger ses états d’âme. J’ai déjà suffisamment à faire avec les miens.
On parle, on fond en larmes, on baise et on refond en larmes. Un peu tordu, je vous l’accorde. Mais moins compliqué. Quand il s’agit d’y penser.
Il faudra que je songe à mettre un terme à tout ça. Trancher dans le vif.

J’ai un planning épouvantable au deuxième semestre. Il n’y a pas un jour ou je ne doive pas me lever avant midi. Mais finalement, je me rends compte que ça me convient plutôt bien. Même s’il m’oblige à me réveiller en pleine nuit, moi la marmotte, et que les cours sont mal foutus et très espacés, je rentre plus tôt. Je suis moins crevée le soir et je peux aller à la bibliothèque en journée, vu que je n’ai rien d’autre à faire.

Certes, en général, je me lasse au bout d’une heure et finis par ouvrir le journal. Parce que ce qu’il y a de bien, quand on arrive à l’aube à la fac, c’est qu’on peut récupérer des canards. Ça évite de les acheter pour n’en lire que le quart. J’exagère à peine, mais il y a des trucs franchement indigestes, en ce moment. La connerie ambiante, sans doute.
Non parce que moi, les torchons gratuits, je les lis pas. Oui, j’suis une sale petite snob, mais les infos, je peux les avoir sur le net, si je veux. Et tomber sur une page « culture » qui ne fait que du people, ça ne m’intéresse pas.

Me demande toujours ce que je fous à la fac. Tant que je continue à y aller, tout va bien. Me demande ce que je vais faire de ma vie, en fait. J’avais des rêves, je n’ai plus le moindre projet. C’est comme si j’étais éteinte. Plus aucune motivation. On s’est acharné à me faire perdre mes illusions. C’est réussi. Je suis tombée de haut, je me suis cassée la gueule. J’ai des bleus partout. J’ai la peau qui marque vite.

Ce week-end, Coloc’ a invité toute sa smala. Enfin, ils se sont invités tous seuls. Bref, ils rappliquent entre vendredi soir et samedi matin. Sachant que c’est le chaos. Qu’on a rien pour les recevoir. Pas de canapé, pas de table, pas de chaises (ou si, deux). Et qu’ils vont dormir là. N’importe quoi. Le seul truc qu’on a acheté (que J’AI acheté, du moins), c’est un lave-linge. Terriblement adapté à la situation.
Je lui ai demandé de repousser au week-end prochain. Il veut pas. Et il veut que je sois là. Il dit que ça se fait pas. On verra.
Il m’énerve. Mais il m’énerve.

Il a intercepté des conversations textotées avec la béquille. Depuis il me persécute pour que j’accepte qu’il lui parle. Il faut qu’il se calme. Et que je lui rappelle qu’on n’est pas ensemble. Il est persuadé qu’il se passe un truc. Il a pas tort. Mais il est à côté de la plaque. Tarabas est définitivement plus dangereux qu’une pauvre béquille jetable.



Météo intérieure : Ciel grisâtre

Dans les oreilles : Joss Stone - Snakes and ladders

Sous les yeux : Jensen - La Gradiva
, fantaisie pompéienne

Publié dans Soliloques

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