Rien que pour un instant, l’éphémère devienne éternité…
Je m’accorde une demi-heure, un moment pour me rendre compte de ce qu’il se passe.
Non, définitivement. Non, il ne faut pas qu’on se sépare. Ça m’apparaît comme une évidence. Les doutes s’envolent dès que je le vois. Dès que je l’entends. Dès que je le touche. N’envisage même pas de me détacher de sa peau. Pourtant, je le fais. Là, pour quelques minutes. Pour éviter de craquer, en fait. Je suis vraiment fatiguée. Et donc à fleur de peau.
J’ai hésité à aller au cours de chant. Et finalement, j’ai bien fait de sortir du lit. Même si j’angoisse trois fois plus. Les dates des répétitions et de l’audition sont tombées. J’ai choisi mes morceaux. Ceux que j’ai le plus de plaisir à chanter. Arie Antiche, évidemment. J’ai pas passé l’année à les bosser pour chanter du Barbra Streisand. Beurk. Même si l’un d’en eux demande une gestion du souffle irréprochable, et c’est ce qui fout le camp en premier quand j’ai le trac. Ce foutu diaphragme se met en grève. En ce qui concerne l’autre, il donne envie de se tirer une balle, mais il est magnifique. Et il me permet de vraiment jouer avec ma voix.
J’étais crevée, mais y’a pas à dire, une fois que la technique est en place, c’est cool. J’ai pas bossé pour rien. Pilote automatique. J’ai juste à ouvrir. La bouche. Les pommettes. Les bras. Pour faciliter les choses. Mais putain, qu’est-ce que je flippe.
Coup de bol, mon exposé pour la semaine prochaine est reporté. Ce qui me permet de repousser le moment où je le bosserai. Dans l’urgence, forcément. Faut juste faire le tri dans les infos, vérifier deux trois trucs, et l’écrire. Le plan est déjà fait. Plus ou moins. Pas vraiment compliqué. Un mélange d’angoisse et d’ennui. Tant pis pour moi, ça me fera deux passages à l’oral en une semaine. Et c’est vraiment un truc que je n’ai toujours pas apprivoisé. L’écrit, je maîtrise. Plus ou moins. Je suis capable de scribouiller des pages et des pages sur tout et n’importe quoi. Par contre, tenir vingt minutes ou plus à l’oral, c’est pas possible. Je perds mes mots.
Je ne parviendrai pas à guérir ma procrastination chronique. Mon courrier, ouvert, et même lu, attend sagement depuis un mois d’être traité dans l’urgence. Tant pis pour moi si j’ai pas de carte vitale parce que j’ai pas daigné faire une photo ; tant pis si j’ai pas d’APL rapidement parce qu’il manque toujours des papiers à la CAF, même si mon dossier était complet lorsque je l’ai envoyé ; si j’ai pas de bourse l’année prochaine parce que je tarde à retourner le dossier ; tant pis si je peux pas participer aux Solidays parce que j’ai pas envoyé ma cotisation et le formulaire d’inscription ; si j’ai pas de boulot cet été parce que j’ai pas remis mon CV à jour et bidouillé une lettre de motivation.
En rentrant, je m’y mets.
Tout ça pour éviter de vous parler de Tarabas. Je sais même pas si j’ai envie de parler de lui. Ou juste pour dire que je suis bien. Et qu’il n’y avait pas de pouffe dans le placard. Pas de Pif-Pouf, surtout. J’ai vérifié. J’ai pas pu m’en empêcher de. Ça m’avait hanté toute la nuit. Il s’est foutu de ma gueule. Il m’a traité de jalouse. Insulte suprême. Il faut que je me reprenne. C’est hors de question. La connerie ne passera pas par moi.
J’ai pas envie qu’il me remplace. C’est tout. Stupide, sans doute.
J’ai pas envie d’en parler parce que les mots sont insuffisants. Mais je le fais quand même. Pour conserver tout ça quelque part, pour ne pas oublier à quel point. Tout ça, quoi. Pour me mettre des claques quand je me remettrai à douter. Faut arrêter les conneries, Zizanie. T’as la chance de. Des fous rires quand tu croises son regard. Ça pourrait se résumer à ça. Ça ne pourrait pas se résumer.
Je le connais par cœur. Depuis le temps. Pourtant, il trouve toujours le moyen de m’étonner. Pas avec des surprises, des cadeaux, je sais pas quoi. Il n’est pas de ceux. Dans sa façon d’être.
Il y a un truc qui fait un boucan pas possible à l’intérieur de ma poitrine. J’sais pas trop ce que c’est. J’aimerais mieux éviter l’infarctus. J’ai même pas présenté Téléfoot, moi. Alors c’est pas du jeu. J’ai plus qu’une envie : terminer ce post et filer le retrouver. Alors vous m’en voudrez pas, mais je crois que j’en ai assez dit et qu’il est temps de me taire.
Quand je m'enfonce dans son regard, je perds le la je n'touche plus le sol
Je me perds profondément, et j'oublie exprès ma boussole
Météo intérieure : Lever de soleil
Dans les oreilles : Grand corps malade - Comme une évidence
Sous les yeux : Une bouche qui sourit niaisement