Embouteillages

Publié le par Zizanie

Il a bien fallu revenir. Le sourire jusqu’aux oreilles, au moins. Déjeuner après les cours. C'est-à-dire au milieu de l’après-midi, on a des horaires décalés. Enfin elles. Moi, j’étais censée m’affamer. T’as passé un bon week-end, Zizanie ? Excellent. Ah oui ? T’as fait quoi pour qu’il soit excellent ? J’étais à Marseille. Ah ben je comprends mieux, coquine ! Connasse. Et toi, t’as fait quoi ? J’ai vu mon copain. Ton quoi ? Tu t’es remise avec le p’tit connard ? Euh non, c’est un nouveau, ça fait trois semaines qu’on est ensemble, il est militaire. Gloups. J’adore les militaires. Re-gloups. Je l’ai rencontré sur internet. Euh. Bon, c’est pas tout, mais moi faut que je rentre, hein.

Je retrouve l’appart. Pas de nouvelles de la béquille. Il fait la gueule. Pour de bon, cette fois. Il n’est pas revenu la queue entre les jambes. Je ferai sans. Je ne suis pas une fille bien, tout le monde le sait. Je suis une bourrelle, une garce, c’est pas nouveau. On passe à autre chose. Pas de remords. Jamais. Peut-être un minuscule regret de rien du tout. Sa compagnie m’était agréable. Et puis non, pas de regret non plus. Manquerait plus que ça. Les regrets, c’est pour les gentils. Et moi, j’aime pas les gentils. Ils n’ont aucune ambition. Moi non plus, d’ailleurs. Mais moi, je ne suis pas gentille. Et puis de toutes façons, moi je me saoulerais vite fait.

En fait, c’est pas exactement ça, mais on va dire que. Mon ego est désespéré.


La semaine s’annonce chargée. Demain, j’enfile mon costume d’animatrice prévention et je vais porter la bonne parole à des lycéens. Enfin s’ils daignent me donner le lieu du rencard. Ils nous préviennent toujours au dernier moment. Après tout, on n’est que des bénévoles. Oui bon, je sais bien qu’ils sont overbookés. N’empêche que moi, je suis fatiguée. En fait, je suis plus que ça. Mais on s’en fout. Parce que je n’annulerai pas. En revanche, s’ils annulent, je ne leur en voudrai pas du tout. Parce que je préférerais vraiment rentrer dormir après mon unique heure de cours au milieu de la nuit. Ou sécher. Si ma conscience ne me réveille pas.


J’ai énormément de trucs à faire. Des lettres à envoyer avant les vacances. Et c’est pas gagné. Je suis nulle en organisation. Il me faut un esclave, j’arrête pas de le répéter. Je devrais passer une annonce. Ou regarder mon agenda. Et marquer des trucs dedans. Parce qu’il est un peu là pour faire joli, je n’y écris jamais ce qui est important. A quoi bon, je le regarde jamais au bon moment. C'est-à-dire avant. Et donc, soit je me fais engueuler parce que j’ai oublié, soit je me marre en le consultant parce que j’ai oublié. Satanée habitude de toujours tout faire dans l’urgence ou trop tard. Je l’ai dit à plusieurs reprises, mais il vaut mieux pas me demander de surveiller une casserole sur le feu ou de rapporter le pain, ça me passera au-dessus de la tête. C’est totalement involontaire. Je suis chieuse mais pas à ce point.


Zizanie cherche esclave pour s’occuper de tout ce qu’elle ne sait pas faire. Accessoirement, tu aurais un appart à m’offrir. Rue de la Grande Truanderie, mon fantasme ultime. Seulement pour le nom. Ou éventuellement rue des Mauvais Garçons. Toujours pour la même raison. Mais les deux endroits à Paris où je rêve d’habiter, c’est rue Mouffetard ou rue des Rosiers. Avec une grosse préférence pour la rue Mouffetard, pas loin de la place de la Contrescarpe. Un de mes endroits préférés. Un mécénat te tente, lecteur ? Evidemment, je veux mon lustre Baccarat dans mon salon. Et je veux de l’ancien. Du parquet et des moulures. Et j’assume totalement mes goûts de luxe. A fond même. Avec jardin privatif, aussi. Tant qu’à faire.


Coloc’ s’est fait prêter une Wii. Après avoir vendu la sienne. Et envisage de la racheter. Je ne m’en préoccupe plus. Tant qu’il me laisse jouer. Faut que j’arrête avec Trauma Center. Mes deux mains gauches s’éclatent. Autant quand j’ai un morceau de terre, de fimo, une manette de console, ou n’importe quel autre matériau incongru dans les mains, j’arrive à en faire quelque chose, parce que ça m’amuse. Mais alors pour le reste. Je fais tout tomber, y’a souvent de la casse. Je suis d’une maladresse extraordinaire. Un authentique spécimen. C’est pas que j’y mets pas de la bonne volonté, enfin un peu. Ça a toujours été comme ça. On s’y fait. Ça me fatigue, parfois.




Météo intérieure : Nuit

Dans les oreilles : Roxane K - Paris

Sous les yeux : Mes mails

Publié dans Soliloques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article