Quand rien n’est prévu, tout est possible
C’est officiel, j’ai arrêté la fac. Enfin, c’est pas officiel pour tout le monde mais ça l’est pour moi. Bref, je peux annoncer fièrement que je viens de foutre ma vie en l’air. Ou pas. Le « ou pas » signifiant que je pense que j’étais déjà en train de la foutre en l’air, et que, de toute façon, ça ne peut pas être pire. Peu importe. Y’a quelqu’un qui veut partir en Laponie avec moi ? Faire la chasse au Père Noël à dos de renne et se fouetter le corps avec des branches de bouleau. Sans aucun but ni aucun moyen. Avouez que mon programme est plutôt alléchant.
Deux solutions s’offrent à moi. Qu’est-ce que j’ai de la chance, c’est fou. Petit un, je prends le même chemin que ma vie. Petit deux, je trouve une idée. Non parce que là je n’ai pas l’ombre d’un projet en tête. C’est juste l’apocalypse. Tout s’écroule. Mais ça ne peut pas être pire. Parce que je n’ai plus rien à perdre. Tout ce que je sais, c’est qu’il faut que je me barre d’ici. Et vite. Pas forcément très loin, tant que je ne suis plus à portée de main de la despote, principalement. Elle me bride et m’empêchera toujours d’être moi. Je l’ai compris depuis longtemps, il est temps que je réagisse.
Plus rien ne me retient ici. Absolument rien. Au contraire, tout me pousse à partir. Je sais que vous avez abandonné toute envie de réagir à mes scribouilleries, que d’ailleurs certains ont abandonné toute idée de les lire, mais si z’avez une idée un peu farfelue dans vos tiroirs, c’est le moment. Comme dirait Antoine de Maximy, quand rien n’est prévu, tout est possible. D’ailleurs, je vous recommande vivement son film. Il m’a complètement enthousiasmée. Ça sert à rien d’en faire une critique maintenant, allez le voir quand il sortira, on en parlera après. Ou pas.
Je ne sais pas quoi faire de toute cette liberté. Inévitable. J’ai toujours su que ça arriverait. Que je péterai les plombs pour de bon. Il y a eu trop d’essais. Trop de retours en arrière. Il est temps de faire des choix. Sauf que. Je n’ai pas la moindre idée de ce que je veux faire. Tellement de choses et en même temps aucune. Sans doute parce qu’elles me semblent hors de portée. De vieux rêves un peu dingues ressurgissent. Mais je n’ai pas assez d’estime pour moi pour les considérer. Ma confiance en moi ne va pas revenir comme ça. Parce que j’ai décidé de plaquer tout ce qui l’étouffait.
J’ai peu de temps pour trouver un projet. Une destination. Une envie. Cesser de me laisser aller, de me faire d’énormes crises de boulimie pour compenser le vide réel dans lequel je me suis jetée. Terminé de me cacher derrière une réponse à la question « qu’est-ce que tu fais dans la vie ? ». Alors que j’en savais rien. Cette fois, je ne fais rien. Fil rouge, évidemment, retrouver mon corps. Derrière toute cette graisse. Je me laisse encore un jour pour me goinfrer. Ensuite, j’arrête de manger. Ça m’évitera de creuser mon découvert en achetant une quantité inimaginable de bouffe tous les jours. Que j’ingurgite en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Et comme mon corps refuse les purges, ben je garde. Evidemment, je me sens mal. Ça ne m’empêche pas d’emmener mon estomac plein à craquer voir ce qu’il y a dans le frigo. Terminer les paquets. Et me tordre de douleur. C’est devenu tellement normal. D’enlever des poignées de cheveux de la brosse. Aussi. Dormir le jour et regarder toute une saison de série la nuit.
Alors quoi.
Je suis effrayée. Evidemment. Soulagée quelque part mais complètement effrayée. Je tourne en rond dans ma tête. Je me sens incapable de trouver le courage de tout plaquer. En attendant, je me planque. Chez moi et derrière l’absence de projet. Parce que je sais que je n’ai aucun talent, aucun qui ne ressort plus que l’autre, aucune passion prédominante qui me donne envie de foncer. Des passions, j’en ai des tonnes. Je papillonne. Je dilettante. Je suis incapable de m’investir à fond. J’ai une voix mais je refuse de m’arrêter de fumer, je refuse de passer des concours, je refuse de faire rimer chanter avec travailler. J’avais un coup de crayon prometteur, affirmaient tous mes profs de dessin et pas que de dessin puisque toutes mes feuilles de cours étaient noircies de gribouillages, j’ai même passé le concours pour entrer dans une école d’arts appliqués, l’(une des) année(s) où je ne me suis pas présentée au bac. Sauf que depuis, j’ai complètement abandonné. Mes feuilles de cours sont tristes à mourir. Mes carnets de croquis rangés, mon chevalet plié, mes toiles blanches. J’avais une plume aussi, disaient-ils. Qui n’est plus jamais parvenue à terminer un seul roman. Et aucun talent pour mettre mes textes en musique. Les mots me viennent spontanément. Les mélodies pas du tout. Pas suffisamment de confiance en moi pour faire confiance à quelqu’un qui aurait su. Et puis vu mon niveau de guitare, d’ailleurs. Tiens, encore une chose que j’ai abandonné. Alors que l’envie y était.
Tout ça pour dire : non, je ne me suis pas encore noyée-empoisonnée-asphyxiée-jetée par la fenêtre. Oui je survis toujours. Non pas que j’imaginais que vous vous inquiétiez. Je n’ai plus rien à perdre alors que me dit que je pourrai toujours me foutre en l’air plus tard. Je peux bien attendre encore un peu.
C’est le gros chamboulement. Et je suis paumée. Mais au moins, je sais pourquoi.
Météo intérieure : Tremblement de terre
Dans les oreilles : Uh Huh Her - I See Red
Sous les yeux : Little Miss Sunshine
Deux solutions s’offrent à moi. Qu’est-ce que j’ai de la chance, c’est fou. Petit un, je prends le même chemin que ma vie. Petit deux, je trouve une idée. Non parce que là je n’ai pas l’ombre d’un projet en tête. C’est juste l’apocalypse. Tout s’écroule. Mais ça ne peut pas être pire. Parce que je n’ai plus rien à perdre. Tout ce que je sais, c’est qu’il faut que je me barre d’ici. Et vite. Pas forcément très loin, tant que je ne suis plus à portée de main de la despote, principalement. Elle me bride et m’empêchera toujours d’être moi. Je l’ai compris depuis longtemps, il est temps que je réagisse.
Plus rien ne me retient ici. Absolument rien. Au contraire, tout me pousse à partir. Je sais que vous avez abandonné toute envie de réagir à mes scribouilleries, que d’ailleurs certains ont abandonné toute idée de les lire, mais si z’avez une idée un peu farfelue dans vos tiroirs, c’est le moment. Comme dirait Antoine de Maximy, quand rien n’est prévu, tout est possible. D’ailleurs, je vous recommande vivement son film. Il m’a complètement enthousiasmée. Ça sert à rien d’en faire une critique maintenant, allez le voir quand il sortira, on en parlera après. Ou pas.
Je ne sais pas quoi faire de toute cette liberté. Inévitable. J’ai toujours su que ça arriverait. Que je péterai les plombs pour de bon. Il y a eu trop d’essais. Trop de retours en arrière. Il est temps de faire des choix. Sauf que. Je n’ai pas la moindre idée de ce que je veux faire. Tellement de choses et en même temps aucune. Sans doute parce qu’elles me semblent hors de portée. De vieux rêves un peu dingues ressurgissent. Mais je n’ai pas assez d’estime pour moi pour les considérer. Ma confiance en moi ne va pas revenir comme ça. Parce que j’ai décidé de plaquer tout ce qui l’étouffait.
J’ai peu de temps pour trouver un projet. Une destination. Une envie. Cesser de me laisser aller, de me faire d’énormes crises de boulimie pour compenser le vide réel dans lequel je me suis jetée. Terminé de me cacher derrière une réponse à la question « qu’est-ce que tu fais dans la vie ? ». Alors que j’en savais rien. Cette fois, je ne fais rien. Fil rouge, évidemment, retrouver mon corps. Derrière toute cette graisse. Je me laisse encore un jour pour me goinfrer. Ensuite, j’arrête de manger. Ça m’évitera de creuser mon découvert en achetant une quantité inimaginable de bouffe tous les jours. Que j’ingurgite en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Et comme mon corps refuse les purges, ben je garde. Evidemment, je me sens mal. Ça ne m’empêche pas d’emmener mon estomac plein à craquer voir ce qu’il y a dans le frigo. Terminer les paquets. Et me tordre de douleur. C’est devenu tellement normal. D’enlever des poignées de cheveux de la brosse. Aussi. Dormir le jour et regarder toute une saison de série la nuit.
Alors quoi.
Je suis effrayée. Evidemment. Soulagée quelque part mais complètement effrayée. Je tourne en rond dans ma tête. Je me sens incapable de trouver le courage de tout plaquer. En attendant, je me planque. Chez moi et derrière l’absence de projet. Parce que je sais que je n’ai aucun talent, aucun qui ne ressort plus que l’autre, aucune passion prédominante qui me donne envie de foncer. Des passions, j’en ai des tonnes. Je papillonne. Je dilettante. Je suis incapable de m’investir à fond. J’ai une voix mais je refuse de m’arrêter de fumer, je refuse de passer des concours, je refuse de faire rimer chanter avec travailler. J’avais un coup de crayon prometteur, affirmaient tous mes profs de dessin et pas que de dessin puisque toutes mes feuilles de cours étaient noircies de gribouillages, j’ai même passé le concours pour entrer dans une école d’arts appliqués, l’(une des) année(s) où je ne me suis pas présentée au bac. Sauf que depuis, j’ai complètement abandonné. Mes feuilles de cours sont tristes à mourir. Mes carnets de croquis rangés, mon chevalet plié, mes toiles blanches. J’avais une plume aussi, disaient-ils. Qui n’est plus jamais parvenue à terminer un seul roman. Et aucun talent pour mettre mes textes en musique. Les mots me viennent spontanément. Les mélodies pas du tout. Pas suffisamment de confiance en moi pour faire confiance à quelqu’un qui aurait su. Et puis vu mon niveau de guitare, d’ailleurs. Tiens, encore une chose que j’ai abandonné. Alors que l’envie y était.
Tout ça pour dire : non, je ne me suis pas encore noyée-empoisonnée-asphyxiée-jetée par la fenêtre. Oui je survis toujours. Non pas que j’imaginais que vous vous inquiétiez. Je n’ai plus rien à perdre alors que me dit que je pourrai toujours me foutre en l’air plus tard. Je peux bien attendre encore un peu.
C’est le gros chamboulement. Et je suis paumée. Mais au moins, je sais pourquoi.
Météo intérieure : Tremblement de terre
Dans les oreilles : Uh Huh Her - I See Red
Sous les yeux : Little Miss Sunshine