Rien ne sert de sourire, il faut mentir à point

Publié le par Zizanie

Un peu requinquée, la Zizanie.
Réveil difficile ce matin, après deux petites heures de sommeil en cumulé. Cependant, il est hors de question que je loupe le cours d’histoire de l’art. A peine arrivée, je fonce sur la machine à café. L’amphi est occupé par des partiels. C’est parti une fois de plus pour un tour gratuit dans la fac. Aucune info. On monte au bureau : rien. On redescend et là, coup de bol, on tombe sur un petit androgyne chauve, accessoirement l’animal qui tient lieu de prof. Le cours peut commencer. Séance diapo. Les stores sont clos et il tient le crachoir. C’est très intéressant mais dans la semi-obscurité, je commence à piquer du nez. Alors, nécessairement, en sortant de la salle, je me rue une fois de plus sur un gobelet de café. Et de deux. Je commence à papoter avec une nana. On décide d’aller boire un verre. Je commande un expresso. Et de trois. Et de quatre. On papote trois bonnes heures, je satisfais ma large tendance au coq-à-l’âne. Je fume comme un pompier. Et de cinq. Le patron commence à empiler les chaises, le bistrot ferme. On est bien obligée de rentrer chez nous. Je n’y tiens pas. Puisqu’il le faut. Je m’isole sur ma bécane. Je me fais un café. Et de six. Je suis bien, affalée avec mon mug, à errer sur le net. Mes fringues et mes cheveux empestent le tabac froid. Je suis épuisée. Je vais m’allonger, et malgré la dose de caféine bue dans la journée, je m’endors comme une masse. Je me réveille, il fait nuit. Ce fut bien agréable. Je culpabilise un peu de n’avoir pas bossé pour mon partiel de lundi mais j’ai presque le sourire aux lèvres. Etrange.

J’ai commencé à réapprivoiser mon téléphone et à reprendre contact avec quelques amis de lycée. Moins difficile car moins d’attachement, moins de vécu. Je me suis un peu forcée la main, ce n’est pas plus mal. Ça ne peut être qu’efficace, de toute façon. Je ne vois pas pourquoi je devrais me priver du plaisir superficiel d’aller piailler avec des copines. Ce n’était pas mon habitude, pourtant, tout garçon manqué que j’étais, mais c’est en train de le devenir et j’en ai même pas honte.

Quant au maudit régime, je ne lâche pas. J’ai encore du mal à me limiter sur les fruits et les compotes (sans sucre ajouté, cela dit). Ce sont les seuls sucreries que je m’autorise pour compenser mes pulsions alimentaires. C’est toujours mieux que les cochonneries, mais il me faudra faire un effort. Sinon, je me nourris essentiellement de soupes de légumes, sans féculents et de yaourts natures. Il va falloir que j’aille faire le plein de tofu pour éviter de trop manger d’œufs. Je devrais aussi restreindre le sel, mais, pour le moment, c’est ce qui me permet de faire passer la mixture sans haut-le-cœur. C’est sans doute un peu draconien mais je ne sais pas faire autrement. Pourtant, je ne me sens pas maigrir. C’est un peu désespérant mais je ne baisserai pas les bras cette fois. Je vais me remettre au thé vert citronné, la seule boisson que je supporte en dehors du café et de l’eau. Je déteste les sodas, c’est une chance. Une semaine déjà. Une de plus et je m’offre un cadeau pour m’encourager. C’est ce que je faisais quand j’ai arrêté de fumer. Je n’ai pas tenu bien longtemps, c’était un prétexte. Mais ça me va. J’ai encore du boulot avant de rentrer dans les pantalons que j’ai acheté avant l’été. Ils ont encore les étiquettes dessus, c’est vous dire.

Vendredi, j’avais cours de chant. J’essaye de ne pas faire attention aux remarques blessantes de la prof. Je la connais bien, en plus, je devrais y être habituée. On a déchiffré un morceau de Tosti. Je suis bien contente de revenir au lyrique et à l’italien surtout. L’anglais c’est sympa, Chaplin aussi, mais j’ai moins de plaisir à chanter. Maintenant, je vais pouvoir m’éclater, être expansive à souhait, interpréter à l’excès, malgré l’autocensure. Et puis l’italien, c’est quand même ce qu’il y a de plus facile, ça coule tout seul, c’est lié. Le palais mou se soulève tout seul, pas d’effort à faire. En français, nos voyelles sont fermées, nos mots hachés et nos fins de phrases tombantes.
A présent j’assume mon côté diva dans toute sa splendeur. Capricieuse, médisante, exigeante, fille. Et grand progrès, je commence à accepter ma voix. Je la déteste toujours mais je n’hésite plus à chanter. On aime mon timbre, j’ai de solides aigus (il faut néanmoins que j’en travaille encore la coloration), mes graves n’ont pas à pâlir non plus, j’ai du souffle, de la puissance, une très large tessiture, la carrure qu’il faut, je ne suis pas fatiguée lorsque les autres sont sur les genoux à la suite d’une série de staccatos. Je n’ai pas vraiment d’abdos mais ils tiennent plutôt bien la route. La nature ma donné un instrument de qualité, je me dois d’en profiter. J’ai du mal à me trouver des qualités, c’est d’ailleurs mal vu d’en parler dans notre société, je devrais pourtant en être fière.
Toutefois, j’ai encore pas mal de réticences. J’ai du mal à me considérer chanteuse à part entière, et du coup, je ne prends pas soin de ma voix. Je fais tout en dilettante parce que je suis flippée à l’idée d’échouer. En outre, j’aime papillonner et ne pas rester cloitrée dans un seul hobby. J’ai de nouvelles lubies tous les jours que j’abandonne quelques temps après. Contrairement à la plupart des autres, mes cours de chant se sont imposés dans la durée. Et je ne suis pas prête de lâcher, tant ils m’apportent.

On va finir sur cette note légère. Ça change des derniers articles.
Allez, je me tais, je risquerais de gâcher l’effet.



Météo intérieur : Soleil d’hiver

Dans les oreilles : Fiona Apple – Paper bag

Sous les yeux : Un bouquin d’histoire de l’art


Publié dans Soliloques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article