Les batailles se perdent dans la précipitation
Je ne vais pas vous faire languir plus longtemps. Je sais, vous vous en tamponnez l’oreille avec une babouche mais je vais quand même vous faire un compte-rendu de mon rencart avec l’aïkidoka.
Vendredi, je viens de m’époumoner sur du Tosti, il est cinq heures vingts passées quand je sors du cours de chant. Comme d’hab, ma prof de chant a pris du retard. Il a dit qu’il passerait me chercher. Et il est là. A poireauter devant l’entrée. Il m’exhibe son sourire commercial. Je l’emmène dans un café sympa. Je commande un demi (happy hour, je vais me gêner, tiens !).
« ─ Tu bois ? »
Ce n’est pas de l’alcool, c’est de la bière. Il a l’air surpris. S’il savait le nombre de pintes qu’on s’est enfilé à la sortie des cours d’aïkido avec le camarade Super-Esquive. S’il savait tout court ce qu’il s’est passé avec Super-Esquive… C’était du temps où je posais encore mes pieds nus sur le tatami. Mais ça, c’est une autre histoire.
Pour tout vous dire, il commence à m’endormir. Il me parle de son boulot. Il est développeur. Oui merci, je connais bien le milieu. Et ce n’est même pas un geek. Spécimen rare, l’animal. Pourtant, il aurait presque le look. Ses cheveux sont attachés en queue de cheval mais bien trop propres, son bouc est trop bien taillé, son tee-shirt trop bien repassé, son jean trop neuf. C’est vrai qu’il est bien foutu. Un belle carrure d’un mètre quatre-vingts dix. Que du muscle. Du haut de mon petit mètre soixante-dix, je fais naine. Je lance la conversation sur les jeux vidéos. J’ai l’impression de parler dans le vide. Décidemment. Zelda ? Vaguement, de nom. Dofus ? C’est le nom de ton chien ? WoW ? Euh World of Warcraft. Ne me dis pas que tu payes pour jouer en ligne ? Plus. La faute au mangue de temps. J’avais passé le level 31. Quand je vois que Coloc’ est dans la horde, maintenant, et a créé une guilde, ça me déprime. J’ai continué sur LE jeu de ma vie, auquel j’ai joué je ne sais combien de fois : Neverwinter Nights. Le premier, bien évidemment.
Comme qui dirait, parler RPG, c’est pas terrible pour draguer. Mais alors d’une, j’avais aucune envie de le draguer, et de deux, j’ai déjà dit que je ne savais pas draguer.
Il change de sujet pour en revenir à son boulot. Il n’a sans doute pas percuté qu’une quantité inconsidérée de mes potes étaient informaticiens (doublés de gamers hors pairs, mais ça il s’en tape). Il poursuit sur l’aïkido. Monsieur a eu son premier Dan. Monsieur est fier. Je ne fais pas ma garce, pour une fois, je suis contente pour lui.
M’en fous, Super-Esquive est déjà deuxième Dan. D’ailleurs, il faudrait que je le recontacte. Parce que l’animal, hormones en fête ou pas, il n’est pas prêt de me faire claquer le bassin. Vous me direz, on a envie de baiser ou on a pas. Ben nan, justement. Quitte à reprendre du service, autant sélectionner des mets de choix.
En attendant, l’ami Worm fait bien l’affaire. L’ami Worm, c’est mon vibro, pour ceux qui n’auraient pas compris. C’est ainsi que Tarabas l’a baptisé lorsqu’il me l’a offert, alors que je passais tout mon temps libre sur Worms 3D. Ça ne s’invente pas, surtout vu la bouille de la chose.
Robin m’a envoyé un SMS tout à l’heure. « T’es déjà morte ? » Dans ma grande bonté, je l’a appelé. Il parait que Robin junior veut me voir. Ce n’est pas bien de faire un transfert sur son fils, tu sais ça, hein ? Allez avoue que je te manque.
D’accord, on était un peu en froid mais ce ne sont que des broutilles. La discussion a dévié sur Sous-Commandant M. Le contraire eut été étonnant.
« ─ C’est lui qui t’envoie ? »
Non ? Ben t’es gentil, tu te la fermes. Je n’ai pas envie d’entendre parler de lui. S’il va bien, tant mieux. On s’est perdu pour toujours. Tu comprends ça ? Non ? Ben c’est pareil.
Ma resocialisation est hardue, dis donc. Bientôt il va falloir remettre un peu d’ordre dans tout ça. Non parce que bon, après c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres.
Résultats des courses : j’ai écourté rapidement la perspective de soirée qu’il me proposait. Au passage, je suis revenue sur l’aïkidoka, hein. Comment ça je suis brouillon ? C’est vous qui ne suivez pas, tiens ! J’ai sauté une ligne, vous voulez quoi de plus ? Zizanie ou l’art de la digression. Vous aimez ça, j’en suis sûre. Le coq-à-l’âne, c’est tout un mode de vie.
Météo intérieure : Clair de lune
Dans les oreilles : Duke Ellington - In a sentimental mood
Sous les yeux : Un extrait de Bakounine - Dieu et l'Etat
Problème avec Radioblog, je vous mets ça dès que possible.