Patate froide

Publié le par Zizanie

Encore une patate chaude qui a eu le temps de refroidir. Elle se refile de blog en blog depuis un bout de temps. Mais il faut bien que je m'y mette aussi. Moi pas peur, moi grande fille...
C'est tendance, parait-il. T'as une gueule à être tendance ?
Tout ça pour leur refiler un questionnaire, parce que tu n'as pas le temps d'écrire. Alors déjà, ce n'est pas entièrement vrai puisque celui-ci m'a demandé un peu de rédaction. Ensuite parce que pendant que vous serez en train de vous plaindre de ma maltraitance à votre égard, je serai en plein exam. Alors hein ? On dit quoi ? On fait moins les fiers ?
Quoiqu'il en soit, content ou pas, c'est tout ce qu'il y a sur la carte, aujourd'hui. Et au moins, je vous épargne mes dégueulis cérébraux, qui sont légion sur ce blog.
Du coup, je n'ai toujours pas expliqué le truc. Pas très compliqué pour mon petit cerveau, il s'agit de raconter les années se terminant par deux et par sept. Je vous préviens, au final, ce n'est pas joyeux, joyeux.


1987 : J'ai un an. Mon frère et ma Pif-Pouf ma pouffe de cousine en herbe entrent dans ma vie. Mon frère a d'importants soucis de santé, je passe une grande partie de mon temps chez mes grands-parents. Je suis le centre du monde pour eux. Mon grand-père m'idôlatre, ma grand-mère m'adore et est aux petits soins. J'ai droit à des bains de princesse, aux herbes. On me parle comme à un adulte. Je suis une enfant désirée. J'adore griffoner dans mon parc. Je suis une petite fille très espiègle, dixit ma mère. Avec du recul, je pense que j'ai souffert de l'attention que portait ma mère à mon frère.

1992 :
J'ai cinq ans. Je suis en dernière année de maternelle. J'esquive comme je peux l'école. Et j'évite la cour de récré. Je sais parfaitement que la loi ne m'y oblige pas (je retiens vite ce genre de chose). C'est d'ailleurs ce que j'ai rétorqué à une fliquette que ma mère avait solicité pour qu'elle l'aide à me faire rentrer dans l'école. Je sais lire et écrire et je m'ennuie ferme en classe. J'ai très peu d'amis et ce ne sont que des garçons. Je préfère la compagnie des adultes. Mais hormis de petits moments heureux, je n'ai pas du tout de bons souvenirs de mon enfance.

1997 :
J'ai onze ans. Je dois être en sixième. Je me retrouve avec les copains de primaire. J'ai de bons résultats mais je me sens mal au collège. Je ne suis pas dans mon élément. Je tombe souvent malade et c'est complètement psychosomatique. Je commence à éviter les contrôles. Je m'empêtre petit à petit dans un engrenage dont je ne suis toujours pas sortie, à l'heure où j'écris ces mots. Je n'arrive pas à m'intégrer. Je n'ai que des amis garçons et assez peu. Je déteste purement et simplement les filles, je n'ai jamais fait parti de clan de filles. Je fonds en larme chaque fois que mes résultats n'atteignent pas le maximum.

2002 :
J'ai seize ans. Je suis en première. Tous mes résultats sont en chute libre. Je suis à l'aube d'une grave dépression qui va durer un an et demi. Je ne vais plus en cours mais je passe tant bien que mal les épreuves anticipées du bac, sous Zoloft. J'enchaine les grosses conneries et les comportements complètement irresponsables, qui auraient pu me coûter la vie. Je passe mes nuits à pleurer. Je bois beaucoup trop, je fume pas mal aussi. J'ai de très fortes crises de boulimie. Je vis mal les événements que j'ai vécu les trois années précédentes. Je suis toujours perturbée par la mort de celui que nous appelerons finalement ici Jimini et par l'avortement que j'ai du subir l'année d'avant. Ma mère ne semble pas se rendre compte de mon malheur et paradoxalement à mes bêtises, je fais tout pour que ça ne se voit pas. Mes seuls bons souvenirs de cette période sont ceux d'un voyage scolaire dans le lubéron. Je commence à prendre des cours de chant.

2007 :
J'ai vingt-et-un an et pleins d'espoirs. J'ai enfin repris mes études après avoir erré quelques temps. J'essaye de me mettre des coups de pieds aux fesses pour me sortir d'un cercle infernal. Je suis en sursis et je le sais bien. J'ai entrepris, de gré, une thérapie. Je crois être enfin sortie de l'adolescence et j'envisage plus ou moins (plutôt moins que plus, en réalité) sereinement ma vie de future adulte. J'ai développé un esprit critique, j'ai des convictions. Je suis plutôt satisfaite de la personne que je suis devenue. Je commence à voir où je veux aller. Toutes ces épreuves m'ont forgé. J'ai encore beaucoup de mal à vivre mais je veux m'en sortir.

Publié dans Bestiaire

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A
Et tu y arriveras...
Répondre
Z
Y'a intérêt ! Nanméoh ! ;)