Screw you guys, I'm going home !

Publié le par Zizanie

Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce garçon ne me laisse pas du tout indifférente. Je parle de Ministal, vous ne suivez vraiment rien !
Dans quoi je me suis encore foutue ? Non seulement il est canonissime, comme j'avais pu l'évoquer précédemment, mais en plus il a de la répartie, la culture qu'il faut pour me séduire, il est la gentillesse incarnée. Et comme si ça ne suffisait pas, je me suis aperçue que ce garçon avait une solide conscience politique, ce qui n'est pas pour me déplaire. Et pas mauvaise en plus, j'entends par là que nous avons des idéaux assez proches, malgré quelques grosses divergences de points de vue. C'est la raison pour laquel il a hérité de ce surnom parfaitement ridicule. Inutile de préciser que je préfère quand même ça à l'ex-prince charmant de la bourgeasse.
Tu t'emballes, Zizanie, je le sens, et tu vas le regretter.
Certes, je vous rassure tout de suite, je ne suis pas amoureuse. Encore heureux, z'allez me dire. Cela dit, j'ai la sensation de m'accrocher furieusement et beaucoup trop rapidement à ce jeune homme. J'ai l'ar d'une parfaite idiote quand il m'adresse la parole. Je suis à deux doigts du fard, du sourire béat et du ricanement convulsif. Du coup, j'ai trouvé plus prudent d'en rester à des banalités. Mais l'effet fut plutôt raté puisqu'on s'est mis à parler ciné (quoi de plus banal ?) et il a fini par me faire promettre d'aller voir Hyper Tension avec lui. Il m'accorde même le droit de baver devant Jason Statham. Monseigneur est trop bon.
Le ciné est un plan dangereux, ma fille, tu le sais bien.
Il doit m'appeler dans la semaine pour qu'on s'organise ça. En tout bien tout honneur.
Notre passionnante conversation a été interrompue par un appel de Robin. Réaction de Ministal :

« C'est ton amoureux ? »

Mais pourquoi il me demande ça ?

« Hein quoi ? Ah non non non. »

Quand je vous disais que j'avais l'air con, à présent c'est confirmé.
Et quelques secondes plus tard :

« T'as un chéri ? »

Ah ben tiens !

« C'est quoi ça ? »
(Sourire de la bête)

On s'est parlé pendant près d'un quart d'heure. Il était arrivé en avance, moi aussi et un coup de bol comme ça, ça s'attrappe au vol. J'ose à peine dire que j'en ai même oublié d'avaler mon café. Comment ça, je suis pathétique ? Vous n'avez encore rien vu. Parce que pour ne pas perdre la face, je l'ai bu froid, d'un trait, une fois que ma clope était terminée. Mais qu'elle est conne !
Bon, je râle mais j'admets que ça fait du bien. Je me suis sentie revivre. Soyons fous : Aux grands mots, les grands moyens. Et non, pour une fois, il n'y a pas de faute dans l'expression, enfin si mais c'est voulu. Pourquoi je me justifie, moi ?
Rien n'est conclu, je sais bien. En tout cas, c'est bien agréable d'être attirée par quelqu'un et de sentir une réciprocité.
En même temps, il faudrait que j'arrête de me poser trop de questions. J'ai peur de tout gâcher en restant moi-même. C'est complètement stupide.
T'as pas promis que tu allais te foutre la paix et te laisser vivre, bon sang ? Eteins ton cerveau, ça le reposera. Cesse de vouloir te transformer et accepte qu'on puisse t'apprécier telle que tu es. Il y a du boulot, je vous le dis, mes gens.

Il faut absolument que je parle à Coloc'. Je ne peux pas rester comme ça. Je n'ai plus envie e faire semblant. Z'allez me dire, je n'ai pas non plus envie de retourner chez les Despotes. Je ne sais plus quoi faire. C'est dégueulasse, je sais, je ne m'intéresse qu'à son appart. Je l'avoue. Enfin, pas seulement. J'apprécie également de ne rien faire de désagréable. Il se charge du ménage, et très souvent des courses.

Avec mon minable salaire, je ne trouverai rien de mieux. C'est certain. Pas moyen de prendre un appart avec ça. Surtout que je suis en CDD. Surtout que ça s'arrête début juillet. Surtout que je me demande si je ne vais pas démissionner avant. Je n'en peux plus, je perds patience. J'en suis malade. Je suis souvent au bord de la crise de nerfs avec ces morveux. Je finis par haïr les enfants, c'est terrible. C'est sûr, je n'en aurai pas. Je vois d'ici l'horreur de la situation. Parce que un bébé c'est tout mignon. Mais pensez bien que ce genre de chose, ça grandit.
C'est vrai aussi que je sais comment les prendre. J'arrive presque toujours à mes fins, même avec les plus coriaces d'entre eux. Mais à quel prix ? En rentrant, je suis éreintée. Essayez, vous aussi, de sanctionner un gamin qui se prend des torgnoles à la maison, qui revient avec des bleus sur le visage. Quand il vous rétorque que rester au coin, ce n'est pas une punition (forcément), vous faites quoi ? Je n'ai pas non plus envie de faire comme si de rien n'était, alors que je pourrais largement (c'est d'ailleurs ce que font les autres animateurs), parce que ces mômes-là, ils cherchent des limites. Les parents ont souvent baissé les bras, et c'est à nous de prendre cette responsabilité. Mais on ne m'a pas vraiment embauchée pour ça. Certes, j'ai l'habitude des monstres, seulement on ne les a que deux heures par jour. C'est peu, puisqu'ensuite ils vont changer encore et encore d'intervenant.

En colo, ça n'a rien à voir. Je suis arrivée à créer un climat de confiance et une ambiance du tonnerre avec des dix-quatorze ans dont les trois-quarts venaient de foyers. C'était pas gagné. Parce qu'en plus j'étais seule animatrice pour la quinzaine de pré-ados. Pas besoin de me rappeler que ce n'est pas légal, je le sais. Ce n'était pas prévu et je n'avais plus trop le choix, une fois là-bas, puisque le là-bas en question, c'est le trou du cul du monde de la région lyonnaise. En fait, ce n'est pas tout à fait exact, il y avait également le directeur. Un abruti de première qui prétendait faire de l'animation en enfermant les gamins devant un film, rarement prévu pour leurs âges au passage. Bien joué.
Je m'arrête là ou je peux vous faire hurler encore un peu ? Parce que ce charmant monsieur leur faisait faire de la mini-moto (enfin du trial des bois, l'activité qui était prévue pour une partie d'entre eux) sans casque. Quand je m'en suis rendu compte, j'ai fait un scandale. C'est le genre de chose qui me met hors de moi. Et impulsive comme je suis, ce n'est pas la peine d'essayer de m'en dissuader.
Et si je vous disais que pendant ce temps, je devais occuper le reste du groupe avec les poneys. Ben oui, il devait y avoir un anim' poney mais on ne l'a eu qu'au cours de la deuxième semaine. J'ai monté un peu dans mon enfance mais je n'ai aucune qualification pour la chose (remarquez, l'anim' poney en question non plus). Du coup, j'ai refusé de les faire monter (parce que le directeur me l'a demandé en plus) et on a juste pansé un peu les vieux bestiaux.
Enfin, ça reste tout de même de bons souvenirs. Je m'y suis vite attachée à ces gosses. J'ai même tenu à rester jusqu'au bout avec une belle entorse. Rater la boum ? Impossible !

Pour Coloc', je ne sais toujours pas ce que je vais lui dire. Je vais y réfléchir cette nuit. Demain, je me fais le Louvre. Ben oui, ça me prend comme ça. c'est vrai que ça fait un bail que je n'y ai pas mis les pieds. Et ça peut être sympa, le Louvre, quand on sait ce qu'on veut y voir. Je vous raconterai, promis.



Météo intérieure : Plein soleil

Dans les oreilles : Camille - Les ex

Sous les yeux : Mon agenda


Publié dans Soliloques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Moi je n'attends qu'une chose c'est d'en faire des gosses ! J'en ai gardé oh que oui, mais pas plus que cinq à la fois, et c'était déjà pas mal de merdouilles. Surtout la peur quand il faut les surveiller à la piscine. Moi même j'ai failli me noyer en colo donc ça me stress encore plus du coup. Le plus difficile je crois c'est de faire faire les devoirs.
Répondre
Z
Je suis bien d'accord, la piscine avec des mômes, c'est hyper stressant.