Hématomes crochus

Publié le par Zizanie

Quelques minutes pour vous glisser un mot. Avant d’aller rejoindre Tarabas. Je n’ai pas réussi à me décoller de lui de tout le week-end. C’est comme si je faisais le plein avant d’attaquer la semaine sans lui. Je plante mon nez dans son cou et je ne bouge plus.

C’est mon corps qui le réclame. Qui a soif de sa peau, de son odeur, de sa voix. J’ai constamment envie de lui. Il affole mes sens. Il me rend folle, tout court.
Je vais l’achever, la pauvre bête. Il n’a encore jamais osé me dire non. Il n’a pas intérêt. Il ne le fera pas. C’est résistant, un Tarabas.
Non, je ne calmerai pas mes hormones. Hors de question. C’est bien trop bon pour que je m’en prive. J’aime lui faire l’amour, j’aime sentir ses lèvres, ses mains. J’aime qu’il me prenne, qu’il me consomme. Qu’il me consume. J’aime son regard. Il m’électrise.

Ses bras sont l’un des rares endroits où je me sens belle, en ce moment. Je suis belle à travers son envie. Qui n’a pas changé malgré les kilos en plus.
J’étais jolie lorsqu’on s’est choisis. J’étais jolie lorsqu’on s’est séparés, il y a deux ans.
Et depuis, j’ai énormément grossi. Je suis devenue un amas de graisse qui ballotte de partout. Je suis bouffie. Gonflée. Boudinée. Large. Epaisse. Grosse.
Je déborde.
Il le sait, il le voit. Ce n’est pas ma graisse qu’il désire. Il n’aime pas les boudins. Mais il me désire. Alors même si je doute, je me la boucle. De peur de lui faire prendre conscience de la réalité.

J’ai réussi à ne pas faire de crise en deux jours. Et ces derniers temps, c’est un vrai record. Je refuse de faire une crise devant lui. Je ne veux pas qu’il s’inquiète. Et qu’il en vomisse de dégout.
Alors je fais des mini-crises. Quand ça me prend, pour me calmer, je me planque dans la salle de bain avec deux, trois trucs. Peu importe quoi. Peu importe si j’aime. Du moment que ça se mange vite. Je l’ingurgite en quelques secondes. Je suis une vache et je rumine. Je suis laide et grosse. Je me retiens pour ne pas essayer de les gerber. D’ouvrir l’eau, de me mettre la tête au-dessus de la cuvette, et de venir agiter le fond de ma gorge avec mes doigts. Ça lui mettrait immédiatement la puce à l’oreille.
Alors j’enfonce mes ongles à l’intérieur de mes paumes. Et je garde toute cette nourriture répugnante et sale dans mon estomac. Je suis une truie.

Demain, j’ai un entretien important pour moi. Je n’ai pas envie d’en parler tant que je ne me suis pas plantée. Comme d’hab.
Je stresse. Je devrais revoir toutes les infos que j’ai imprimées. Je le ferai au dernier moment. Ou pas. J’ai trop la trouille pour ça.

J’arrive plus à m’extirper de mon corps. A me laisser rêver. Il m’encombre.
Je m’écroulerais bien, mais il y a quelque chose qui me retient. Un fil qui m’empêche de tomber au fond. Alors je stagne. Je vais de l’une à l’autre, alternativement. L’euphorie et la déprime. Rien que ça.

Je ne sais plus rire. Je fais semblant. La fatigue m’aide. Je suis pliée en deux tant j’ai mal aux abdos. Les larmes coulent. Je ne sais même plus pourquoi je ris. Je crois même que je pourrais m’arrêter net. Ce n’est pas un vrai fou rire. C’est nerveux.

Je m’agrippe à toi. J’ai peur de tomber. Tu vas te lasser. Forcément. Envoie-moi valser. Tu me tuerais. Ne te gène pas. Je survivrais. Ou je ferais semblant. Peu importe.
Je ne sais pas ce que je veux, tu le sais bien. J’attends de me prendre le mur, de me faire mal. Et en même temps, j’ai peur. Peur que tu m’abandonnes. Que tu me laisses choir. Dans ma petite vie insipide. Tu le feras. Ou je le ferai pour toi.
Subite envie de prendre mes jambes à mon cou.



Météo intérieure : Pluie fine

Dans les oreilles : Noir Désir - Les écorchés

Sous les yeux : Les volutes de fumée de ma clope


Publié dans Soliloques

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