Liaisons dangereuses

Publié le par Zizanie

Lundi soir, Marseille toujours. Je rentre demain.
Le président de la fac a orchestré un combat d’étudiants. Mais les conséquences n’ont pas été aussi heureuses qu’il le souhaitait. Résultat : il ferme. Si seulement c’était sa gueule. Oui ben.
Si je n’avais pas eu ma formation, demain soir, je serais restée une nuit de plus. Mais cette formation, il est hors de question que je la loupe. J’ai fait des pieds et des mains (ou presque) pour y accéder, alors je vais me faire violence et reprendre un train dans l’autre sens.

Hier, il n’y avait plus rien à manger chez Tarabas. Il a été nous prendre des trucs chez le traiteur chinois. Je me suis forcée à manger, alors qu’à la première bouchée de samoussa aux légumes, j’avais déjà l’estomac noué. Les feuilles de brick étaient imbibées d’huile. J’ai essayé de me goinfrer mais ça ne passait pas.
Et puis, il a fallu trouver une excuse pour pouvoir me purger. J’ai dit que je me sentais barbouillée. C’était peut-être les nouilles sautées. Bref, j’ai joué mon cinéma pendant la demi-heure réglementaire. Histoire de dissiper les derniers soupçons. Et j’ai pu m’enfoncer deux doigts dans la gorge en toute impunité.
C’est le genre de trucs à ne pas faire trop souvent. Pas envie qu’il me prenne la tête avec ça. Et vice-versa.

Je n’arrive pas à trouver mon attitude malsaine. Mon attitude par rapport à la bouffe. Mon attitude par rapport à Tarabas aussi.
Rien de plus banal que de se faire vomir après avoir mangé. Dans mon référentiel, le contraire serait anormal. Me rends compte que c’est vachement tordu, comme façon de voir la vie. Mais c’est ce qu’il se passe réellement dans ma tête dès qu’il y a de la bouffe en jeu. Et pas que. La nourriture est une obsession. Autant pour une boulimique que pour une anorexique. Ça me hante. Je vis (mal) avec.
Pourtant, aussi bizarre que ça puisse paraitre, je n’ai pas envie de changer. Ça bouleverserait tous mes repères. L’idée de manger normalement, d’être à table, de prendre un vrai repas me fait totalement flipper. Le plaisir est anxiogène.

Cet après-midi, il a du aller en cours. Un peu l’impression d’être venue pour rien. Ou presque. Grasse mat’ crapuleuse. Point, barre. Que du constructif, quoi.
Même pas une petite dispute. Pas le temps pour ça. Et je préfère, de loin, qu’on se balance des saloperies à la gueule, plutôt que de se laisser pourrir de l’intérieur.
Et c’est ce qui est en train d’arriver. On est en train de se détruire. Je ne raconte pas tout ce qui se passe en coulisses. Seulement la partie visible de l’iceberg. Qui n’est même pas si visible que ça. Ici, au moins.

Des heures toute seule, à tourner en rond. Suis tombée sur trois tranches de pain, qui étaient en train de rassir dans leur sac en plastique. Je me les suis avalées en quelques minutes à peine. Je les ai noyées d’eau. Froide, par défaut. Et puis j’ai patienté sur les blogs avant de leur faire terminer leurs vies dans le tourbillon d’une chasse d’eau. D’un romantisme hors pair, notre fugace relation.

Et puis Tarabas est rentré, avec plein de trucs lourds et gras. Sur lesquels je me suis jetée. Je ne vais pas pouvoir garder ça. Il va falloir que je trouve un prétexte pour aller retirer toute cette bouffe dégueulasse de mon estomac, sans éveiller ses doutes.
M’en fous s’il me grille, il faut que je me purge. Ce genre de priorités m’inquiète un peu. Mais pas tant que ça, puisque je continue.
Toujours ce foutu conflit entre la partie rationnelle de mon cerveau, qui se rend bien compte qu’il y a un truc qui cloche et cet autre côté, qui a une logique qui lui est propre.

Heureuse coïncidence, il a décidé d’aller prendre une douche. Il faut qu’il se dépêche, mon compte à rebours annonce cinq minutes. Il ne comprend pas pourquoi je le presse. Mais vas-y maintenant, abruti, c’est pas le moment de discuter.
Il faut que je me calme, je suis en train de paniquer. Putain, qu’est-ce que tu fous encore ?
Il se décide enfin. Et moi je vais clore ce post maintenant. J’ai mieux à faire.



Météo intérieure : Brouillard

Dans les oreilles : Radiohead - I will

Sous les yeux : Des blogs

 

Publié dans Soliloques

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