Comme un bobsleigh dans une baignoire
Dans le train. Cette fois, j’ai une place. Pas besoin d’étouffer qui que ce soit avec ses bas de contention. Ma bécane a même trouvé sa place. C’est fou, non ?
Aïe aïe aïe, un post qui commence comme ça n’est pas sorti de l’auberge espagnole. Elle sait même pas ce qu’elle raconte, la Zizanie.
Tarabas m’a accompagnée à la gare, avant d’aller à la fac. Et s’est barré.
Un week-end pour du beurre. Un week-end où je l’ai attendu plus qu’autre chose. Et c’est un truc que je déteste. Comme toute petite princesse capricieuse digne de ce nom, il faut qu’il n’ait d’yeux que pour moi quand je suis là, qu’il ne s’occupe que de moi. Bref, que tout tourne autour de moi. Et ce n’était pas du tout le cas. Il faut croire qu’il avait mieux à faire. Monsieur avait des obligations. Mon monde ne tourne plus si je ne suis pas au centre.
Qui a dit « tête à claques » ?
Je vais atterrir chez les despotes.
Mais où t’étais ? On s’est inquiété ! T’es vraiment pas gentille, on t’a appelé cent-cinquante fois, t’aurais pu répondre. Ou nous rappeler. Non mais moi je fais tout pour vous, et toi tu ne penses même pas à ta mère. Regarde comme je suis malade, on m’a emmenée à l’hôpital vingt-cinq fois à peu près. Regarde Zizanie, j’agonise. Je vais mourir. Vous me tuez à petits feux. Toi et ton frère.
J’aurais pu, certes. Mais si je ne l’ai pas fait, c’est que je n’en avais strictement rien à faire. Et puis, pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Connasse.
Et laisse mon frère vivre, bordel. Tu l’étouffes. T’es flippée à l’idée que lui aussi t’abandonne. Comme ton indigne fille.
Il va falloir que je résiste à l’appel du frigo. Heureusement que j’y passe juste en coup de vent. Pour récupérer mes cours. Ou faire semblant.
Et ce soir, je retrouve Coloc’. Il m’a offert une lampe usb. Mouahaha. En fait, il l’a achetée pour lui et il a constaté que ça n’avait aucune utilité. Tu m’étonnes. Il est vraiment atteint. C’est incurable. Ça ne me servira pas à grand-chose, mais un cadeau ne se refuse pas, il parait.
Et j’ai reçu mon kazoo. Je vais pouvoir déchirer les tympans de tout mon entourage. Et je serai le maitre du monde.
Zizanie, elle est complètement paumée, en ce moment. Elle fait semblant de savoir où elle va alors que c’est le flou total. Je ne sais pas où je vais. Toujours ce putain de rideau opaque devant les yeux. Qui planque un précipice.
Je n’arrive pas à savoir ce que j’ai envie de faire. D’ailleurs, je n’ai rien envie de faire. Rester sous ma couette, peut-être. Même pas en fait.
Je fonce à l’aveugle.
J’ai la flemme d’aller à la formation, ce soir. Mais il va falloir trouver le courage quand même. J’ai aucune raison d’angoisser, mais alors aucune, et pourtant. C’est n’importe quoi. Je me fais des coups de flip pour rien.
Je vais me faire violence. Mais ça me coûte. Et finalement, j’aurais dépensé de l’énergie pour rien, à stresser, puisque tout se passera bien. C’est tout le temps le même cirque.
Trajet trop long. Je n’arrive pas à lire. Problème de concentration. Je préfère observer les gens et faire la bande sonore de leurs passionnantes conversations. Leur inventer une vie lorsqu’ils sont seuls. Suis timbrée, je sais. Mais alors qu’est-ce que ça m’éclate.
Pauvres bêtes. S’ils savaient ce que j’imagine. Si ça se trouve, j’ai tout bon, en plus. N’importe quoi, grognasse. Ta gueule, la petite voix.
C’est une de mes activités préférées quand je m’ennuie. Et c’est encore mieux quand je me mets à leur donner des voix dignes d’un soap opera idiot (oups, pléonasme). Et surtout les prénoms qui vont avec.
Bon euh, Zizanie, je te signale que tu vas bientôt arriver, et qu’il serait temps de ranger Totosh dans son sac.
Mais euh. J’ai pas envie de retrouver le métro. Et les gens dedans, surtout.
Météo intérieure : Nuages
Dans les oreilles : Victoria Abril - Tu verras
Sous les yeux : Des gens