Coup de boule

Publié le par Zizanie

C'est pas vraiment la joie. Comme souvent, z’allez me dire.

En même temps, vous en connaissez beaucoup, vous, des gens avec des  TCA qui vont bien ? Vous en connaissez tout court, même ?
Alterner anorexie et boulimie depuis des années n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler un comportement normal (au sens gaussien du terme, en tout cas, ou pas). C’est qu’il y a forcément un truc qui cloque quelque part. Il y en a plein, en fait. Des trucs qui clochent. Ce blog est un peu là pour ça.

Des années d’imposture. Maitrisée à la perfection. Je sais sourire sans en avoir envie. Je sais rire et faire des blagues, entre deux crises. De boulimie. De larmes. De ce que vous voulez. Bref, pour tout le monde, je suis heureuse, je n’ai pas de problèmes, tout va bien pour moi. J’ai de la chance, d’ailleurs.
On me l’a encore dit aujourd’hui. Une connasse qui passe sa vie à se plaindre. T’as de la chance, toi.
Non, je me la boucle.

Les crises augmentent. Dangereusement. Et je me fais vomir systématiquement après.
Les circonstances font que je dois faire vite. Me goinfrer discrètement et mettre le moins de temps possible à me vider. Silencieusement. Mon corps est épuisé. Et il refuse de me laisser purger entièrement mon estomac.
Ce qui fait que je culpabilise quand même. Enormément. Paradoxalement, plus je culpabilise, plus je mange. En me disant que, de toutes façons. De toutes façons, ça servira à rien. Et de toutes façons, je ne garderai pas les aliments. Ou si peu.

Juste assez pour éviter les malaises.
Enfin, pour le moment. Si je continue à vomir comme ça, je sais que je vais finir par avoir de grosses carences en potassium. Et là, il va falloir trouver une parade pour ne pas tomber. Quand il y a des gens autour, en tout cas. Ne tiens pas à me retrouver à l’hosto pour ça.
J’ai tout le temps froid. Je garde mes manchons même quand je suis à l’intérieur et qu’il y a le chauffage.

Hier, formation donc. Et je me suis pris pas mal de claques dans la gueule. Des trucs dont j’avais conscience, certes. J’étais loin de la réalité. Ce que dois subir un séropositif au VIH, maladie déclarée ou pas. Tant sur le plan social que sur le plan physique. Un traitement extrêmement lourd, qui peut atteindre une soixantaine de cachetons par jour, pour soigner les effets secondaires des effets secondaires du traitement de base, c’est sans fin. L’accès aux aides de plus en plus difficile. Des conditions de fous. Si t’es debout, que tu respires encore, tu peux aller te faire foutre. Des plafonds qui font que si tu gagnes vingt euros de trop sur l’année t’y as pas le droit. Tout à fait dans la politique du gouvernement président. Les nouvelles réformes sont aberrantes. Et leurs conséquences catastrophiques. L’histoire des franchises, en particulier. Allez donc jeter un œil ici. Les lois sur les migrants aussi. On fonce tout droit (et plus vite qu’on ne le croit) vers ce qu’il se passe aux Etats-Unis (et ailleurs, aussi), où les séropositifs n’ont pas le droit de rentrer sur le territoire. Actuellement, c’est seulement déclaratif. En Australie, par exemple, un test VIH est obligatoire pour s’installer sur le territoire. Et s’il est positif, c’est retour à l’envoyeur. Ben on n’en est vraiment pas loin. Si, si. J’exagère même pas, pour une fois.

Sur le trajet du retour, je lisais Action, le journal d’Act-Up, que j’ai récupéré à là-bas. Et je suis tombée sur un article qui m’a fait halluciner. Un entretien avec un médecin inspecteur enregistré et retranscrit mot à mot. Absurde. Complètement dingue. Non mais vous voyez un médecin dire à un séropo que pour eux, il est guéri ? Non ? Lisez plutôt.
Ça vous donnera aussi un aperçu de ce que j’ai entendu hier. Dans le même genre, il y a l’assistante sociale qui ne cesse de faire remarquer au malade qu’il coûte cher à la sécu. Véridique. Je ne mets pas tous les AS dans le même sac, hein. Il y en a beaucoup qui essayent de faire leur boulot mais qui sont bloqués par manque de moyens et d’outils. De lois stupides, par exemple. Ça me fait légèrement bondir.

Ne me dites pas que je devrais revenir sur terre de temps et temps et revoir mes illusions à la baisse. Ça n’en est pas. Je sais bien que le social n’est pas la priorité de Monsieur arbeit-macht-frei. Que le sida n’est pas non plus la priorité de la ministre de la santé, elle l’a dit. Elle est peut-être très sympathique, mais elle pige rien, la pauvre bête. Elle est complètement à l’ouest, cette nana. Dans certains domaines, passe encore. Mais on se demande vraiment ce qu’elle fout là.
Bordel de bordel.

J’étais tellement en rogne qu’il fallait que ça sorte. Et autant que ma diarrhée verbale serve à quelque chose, cliquez sur les liens si ce n’est pas déjà fait. Même les allergiques à Act-Up.



Météo intérieure : Canicule

Dans les oreilles
 : Ramones - I wanna be sedated

Sous les yeux : Action


Publié dans Soliloques

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Commenter cet article
P
Demain matin un type doit passer pour inspecter le double vitrage. Il veut passer à 10H du mat. Ce qui me fera me lever avant midi pour la premiere fois depuis des siècles. Mais 6H du mat c'est vraiment pas humain. Rien que l'idée me déprime.
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Z
J'ai aussi une ascendant marmotte. Qu'on persiste à vouloir contrarier, visiblement. Parce que ça recommence demain (enfin tout à l'heure).
Z
Debout à six heures. Le milieu de la nuit, quoi.<br /> "On" s'est mis en tête de nous convoquer à huit heures. Pour reprendre contact, qu'elle dit. Des tartes, oui.<br /> Donc, pour être tranquille avec ma conscience, et parce que je n'ai rien fait depuis un mois, je me lève. De mauvaise humeur.
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Z
Alors le coup du "pour reprendre contact", c'était pour nous appâter, oui. Quelle idée de faire un cours de linguistique au milieu de la nuit. Faut vraiment être pervers.