Brasse coulée

Publié le par Zizanie

Enfin sortie de ma faille spatio-temporelle. De retour dans le monde réel. Des gens qui courent partout. Des magasins. Des voitures. Des magasins. Des magasins. Des voitures. Du bitume. Des gens. Des gens. Des gens. Des gens.
En manque de Heras à canisser. En manque de canisses imbibées de pisse de festivalier à décrocher, à mesurer, à rouler et à entasser. Amis festivaliers, je sais bien qu’il n’y avait pas assez de chiottes sur le site, mais par pitié, soulagez-vous sur la pelouse, pas sur les canisses. Parce que rouler les canisses dégueulasses et puantes au milieu de tampons usagés, on s’en passerait bien.

En manque surtout de Godinette. En fait. Et puis en manque d’eux. C’est qu’ils me manquent, ces cons. C’est que ça me manque de dormir peu et mal sous une tente sans matelas. C’est que ça me manque de trouver les chiottes bouchées. C’est que ça me manque de me doucher à l’eau glacée ou brûlante et sans pression. C’est que ça me manque d’être crade et poussiéreuse en permanence, toute collante de crème solaire et de sueur. D’avoir les ongles dégueulasses et une épilation pas vraiment au poil. C’est que ça me manque la bière immonde et chaude. Les concours de rots. Glamour toujours. Les bœufs improvisés. A deux heures du mat’. Les fausses notes. Les rhums arrangés. Les montages nocturnes. Les fous rires. Les pétages de câble. Les coupures de courant. Le café solide. Les nuits blanches. Ou de trois heures. Réveillée par les balances de la scène juste à côté.

Un festoch de malade. Pas une minute pour me poser. De l’urgence. De la dernière minute. De bons moments. Du stress. De bons moments surtout. L’exploitation qui passe à toute vitesse. Pas le temps de.
Et puis les roulages de galoches avec de presque parfaits inconnus. Pas si parfaits que ça. Ou en tout cas complètement bourrés. La Godinette. Un verre. Deux verres. Au dixième, on s’arrête. On danse jusqu’à pas d’heure. On se couche quand le soleil se lève. On se lève quand on cuit à l’étouffée sous la tente.
Un an qu’on les attend, ces instants-là. Et c’est déjà fini. A l’année prochaine. Evidemment. Pour ceux qui ne seront pas aux pique-niques post-démontage. L’année prochaine, on sera là. On ne raterait ça pour rien au monde.

Bref, il est grand temps de retrouver mon blog. Z’êtes encore là, d’ailleurs ?
Dur de m’y remettre. Comme à chaque fois, il me faudra un petit temps de réadaptation pour reprendre un rythme quotidien. Et vous raconter tout ces trucs sans intérêt dont z’êtes avides, lecteurs chéris. Genre Tarabas. On peut d’ailleurs commencer par continuer. Ce qui va suivre n’est donc que la suite du dernier post. Qui s’arrête donc en pleine fête de la musique. Il y a longtemps, quoi. C’était le mois dernier. Relisez l’article précédent pour vous rafraichir la mémoire. Parce que ça reprend maintenant.

J’ai abandonné la demoiselle qui me voulait me nettoyer le gosier sur son bout de quai et j’ai continué à marcher. J’étais pas assez bourrée pour me planter dans les paroles de Ta Katie t’a quitté. Si Boby Lapointe est mon maitre spirituel, c’est pas pour rien. Et puis Jef. T’es pas tout seul. Une soirée sans Jef n’est pas une soirée. Parce que non Jef, t’es pas tout seul. Mais arrête de sangloter, arrête de te répandre. Mais c’est plus un trottoir, ça d’vient un cinéma où les gens viennent te voir. Pauvre Jef. Qu’est-ce qu’on va faire de notre vie ?

Vers cinq heures du matin, j’ai décidé que j’en avais assez de marcher. Il n’y avait plus grand monde, pas d’ambiance. J’ai regardé mon portable. Message de Tarabas. Il me demandait de le rejoindre. Le message datait de trois heures et demie plus tôt. J’ai quand même répondu. Parce que je suis une fille polie, moi. Il m’appelle. Il n’est pas très loin. On se donne rendez-vous à mi-chemin. Mi-chemin étant à trois mètres de l’appart de Ministal, je me débrouille pour qu’il vienne me rejoindre. Il peut quand même épargner mes pieds. J’aurais trouvé ça un peu glauque, quand même. Je ne suis plus à ça près.

Les autres avancent. Je vide mon paquet de clope et la dernière bière qu’il me reste. Chaude, la bière. Beurk. Il m’appelle. Il est à Bibliothèque. Je remonte. Pour le rejoindre sur l’esplanade. Vide et sombre.
« Bonjour belle inconnue. »
Bonjour vieil ivrogne. Enchantée.
« Vous habitez chez vos parents ? »
Sourire.

Sourire mais malaise. Il s’approche. J’ai envie de l’embrasser mais quelque chose m’en empêche. Je lui fais comprendre que j’ai besoin de parler. Que j’ai surtout besoin qu’il me parle. On s’assied sur les marches. Sa voix est douce. Elle me berce. Elle m’enjôle. Forcément. Il était perdu. Je l’étais aussi. Il cherchait des réponses où elles n’étaient pas. Il me dit qu’il songe à revenir dans le centre du monde. Je ne sais pas bien comment réagir. Toujours cette putain de trouille. Peur qu’il m’étouffe. Peur qu’il me coupe les ailes. Alors que. J’en crève d’envie. Je flippe. Il me dit qu’il supporte de plus en plus difficilement la distance. Et qu’après tout la personne qui compte le plus pour lui et son meilleur pote habitent le centre du monde. Que finalement plus grand-chose ne le retient là-bas. Ou si peu. Euh et moi, je suis où là-dedans ? Au début, connasse. Mais je t’emmerde. Et moi je t’aime.

Ouch. Je vous ai dit que je flippais ? Si je n’avais pas eu autant mal aux pieds, je serais partie en courant. Comprenez que ce qu’il vient de me dire est banni de mon vocabulaire. Et que j’ai réussi à le bannir du sien. Enfin, jusque-là. Panique. Je ne sais pas comment réagir. D’habitude, j’ai la répartie qui fuse. Là, les mots restent coincés dans ma gorge. Sèche, la gorge. Tarabas, c’est pas le moment là. C’est jamais le moment, avec toi. C’est pas faux. C’est quoi qu’t’as pas compris ?
Je garde la suite pour moi ou pour plus tard. Je ne sais pas trop si j’ai envie de partager la suite. J’assume pleinement la responsabilité de cette fin d’article frustrante et j’en tire les conséquences en me retirant de la vie blogosphérique.



Météo intérieure
 :
Nuit chaude

Dans les oreilles
 :
Samarabalouf – Profitez-en !

Sous les yeux
 :
Des souvenirs

Publié dans Soliloques

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S
Nuit bonne.
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Z
<br /> De même.<br /> <br /> <br />