Hors les murs

Publié le par Zizanie

C’était samedi matin.

Il est sept et demie heures du matin et je viens d'ingurgiter une boule de mozzarella même pas di buffala, de la mozzarella de vulgaire vache, et une grande assiette de pâtes au fromage, des coquillettes et du fromage râpé pas terrible. J'aime pas les coquillettes. C'est tout ce qu'il y avait.
Il est sept heures et demie du matin et je m'apprête à m'enfoncer deux doigts au fond de la gorge.
Mon piercing me fait mal. Parce que je le maltraite. Je ne renoncerai pas à me purger à cause d'un truc qui me traverse la langue. Cette fois, c'est trop tard. Je ne peux pas décemment garder ce truc dans mon estomac.

Il faut que j'arrête mes conneries. Que je mette ma langue au repos. Que je me mette au repos. On arrête les crises. Bains de bouche à l'eau salée. Et tout va rentrer dans l'ordre. Laisse ta langue tranquille ou elle va s'infecter. Laisse-toi tranquille, aussi. T'arrêteras de ressembler à un hamster. A cause des vomissements. Qui font gonfler les glandes salivaires. T'arrêteras de ressembler à rien. A rien d'autre qu'une boulimique.

Il ne veut pas le savoir. Il ne veut pas en entendre parler. Parce que ça le rend malade de savoir que je me détruis. Parce qu'il ne comprend pas. Pourquoi je cherche à me faire du mal. Il ne comprend pas pourquoi je ne peux pas apprécier simplement un repas. Pourquoi je ne peux pas apprécier simplement la vie.
Envie qu'il me prenne au sérieux. Peur qu'il. Se tire. Prenne conscience de. Prenne peur.


J'ai mon premier cours de chant de l'année dans quatre heures. Pas terrible, ce que je viens de faire subir à mes cordes vocales. Tant pis. A l'heure qu'il est, j'ai plus envie de me foutre en l'air que de mettre les pieds là-bas. Je m'ennuie. Tout le temps. Ma vie est un immense trou noir. Je ne sais pas ce que je veux en faire. Je me laisse absorber par mes démons. Rien n'y résiste. Je suis rien.


Le lendemain.

Ma langue ne va pas bien du tout. Elle me fait vraiment mal. Je la mets au repos. J’évite de parler et de manger. Ça m’ira très bien. Il faut que je l’enlève. C’est le piercing ou les purges. Quand ma langue ira mieux, je l’enlèverai. Il faut que je m’y tienne. Je sais que je ne pourrai pas arrêter de criser. Je sais que je ne pourrai pas arrêter de me faire vomir. Même si j’arrête de manger, je sais que je ne suis pas à l’abri d’un dérapage. Et ça fait déjà deux fois en quelques mois. Deux fois que j’ai l’impression que ma bouche est une énorme courbature.

Ou alors je le garde jusqu’à la prochaine crise. Et si crise il y a, je le vire. Comment ça, j’essaye de négocier ? C’est qu’on s’y habitue, à cette chose. Quatre ans et demi que j’ai un morceau de métal qui me traverse la langue. Forcément, on s’attache. Pourtant, je joue rarement avec. Certaines personnes l’ont découvert récemment.
« Eh mais t’es piercée ! »
Euh oui, ça fait bien quatre ans, d’ailleurs.
Je l’ai pas fait pour le montrer, parce que c’est provoc’ ou connoté je ne sais quoi. Je l’ai fait pour moi, parce que j’en avais envie, après avoir bien réfléchi. Comme le tatouage que je ne ferai pas mais dont j’ai vraiment envie. Plus je regarde les calligraphies de Massoudy et plus je me dis que ce serait magnifique en tatouage. Bref. Mon piercing, c’est un choix, pas une lubie. Donc ça m’embête un peu de devoir l’enlever. Un peu beaucoup, en fait.


J’ai vu Leeloo. Enfin. Et c’est comme si elle avait un peu perdu de sa saveur. Je la trouve fade. Fascinante mais fade. Elle m’ennuie. Elle me lasse.
On ne se refait pas. Je suis complètement instable.
Elle l’a cherché. Je la considère désormais comme ce qu’elle souhaitait. Rien d’autre qu’un pourquoi pas. Et pourtant. Sur un malentendu. Leeloo a été un vrai coup de cœur. Mais son attitude ne me motive franchement pas à me battre. Ça risque d’écailler mon vernis.
Dommage.
Mais après tout.



Météo intérieure : Eté indien

Dans les oreilles : Satie – La Diva de l’Empire

Sous les yeux
 :
Les pages de mon agenda, qui commence à se remplir

Publié dans Soliloques

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