Contre mauvaise fortune

Publié le par Zizanie

Envie d’une bataille de polochons.
Oui ça me prend comme ça. Au réveil. Faut le faire, quand même. Surtout quand on sait ce qu’est un réveil zizanesque. Oui ben aujourd’hui, je me réveille avec une énergie dingue et des idées tordues.
Ni une, ni deux, je balance le gros oreiller lourd sur le ventre d’un Ministal endormi. Qui émet un vague grognement et se retourne.
Je ne me démonte pas et j’attaque la tête. Qu’il planque sous le sien, d’oreiller.
Zizanie, il est cinq heures du mat’. Oui, oui, cinq heures. Mais moi, je suis parfaitement réveillée, et j’ai envie de jouer.
J’arrache l’oreiller de ses mains. Enfin, il se décide à répliquer. C’est pas trop tôt.

Si j’avais été à sa place, c’aurait été un super prétexte pour bouder toute la journée. Mais nan, même pas il fait la tête. Il me dit juste que je suis cinglée. Ah bon ?
Bah quoi, je m’ennuyais. En pleine nuit, oui parfaitement. Cinq heures du matin, c’est le milieu de la nuit. Neuf heures, c’est l’aube. Ou à peine.
Peu importe, quand je m’ennuie, faut que je trouve un truc pour m’occuper. Et ce qui m’amuse le plus, c’est d’embêter les autres. Quand ils sont occupés. Ou mieux, quand ils dorment.

Je fais ça depuis que je suis toute petite. Quand j’avais encore l’âge de squatter le lit de mes despotes, je me ramenais avec toutes ma collection de jouets, que j’installais tout autour de moi. Particulièrement ceux qui couinent quand on appuie dessus ou les constructions en Lego qui nous arrachent un bout de chair. Enfin pas la mienne, hein. Celle des despotes, c’est plus drôle.
Ou alors quand j’avais aucune envie de dormir et que je harcelais la despote, qui luttait pour ne pas fermer les yeux, avec des questions à moitié existentielles. Genre comment on fait les bébés. Ou explique-moi les religions. Bah tiens. Autant pas faire les choses à moitié. Elle avait que ça à foutre de me répondre à une heure pareille. Faites des gosses, qu’ils disaient.
Oui je suis une vraie chieuse. Et alors ?

Bref. Revenons-en à un Ministal définitivement réveillé, maintenant. Prêt à se venger. Même pas peur. Non, je ne suis pas en train de courir dans tout l’appart en hurlant. C’est une illusion.
Pauvres voisins. Si on peut même plus s’amuser.

Et puis il a été en cours. Lui. Sa fac n’est pas fermée. Même pas bloquée. Forcément. Quand on sait ce qu’il fout. Bref.
Encore une journée à passer. Seule. Avec la bécane et la télé pour m’occuper. Ne tiens pas à allumer la télé. Me reste la bécane.
Jouer. Et rien foutre de ma journée. Les yeux rivés à l’écran. Les doigts vissés sur le clavier. Le chauffe-tasse usb… Euh non, je m’égare. Certainement pas. Nanméoh. Pour quoi me prenez-vous ?
Une loque humaine.

Ça y est, je me lance. Ou presque. Mais de quoi elle parle encore, l’autre fêlée ?  Bah de ma tablette graphique, tiens. Comme si je pouvais parler d’autre chose. Ah. Oui ben.
Bref, j’ai craqué. Je suis prête à vendre ma mère pour m’acheter mon futur joujou. Qui coûte au moins deux bras. Sauf que, pas folle la guêpe, mes bras je les garde. Ben oui, sinon à quoi elle va me servir la tablette, hein ?
En plus, je n’en tirerais pas une fortune, de mes bras. Deux mains gauches, ça n’aide pas. Si ton imagination tordue fonctionne aussi au quart de tour, tu n’auras aucun mal à visualiser. Oups. Sortez immédiatement de mon crâne, saletés d’idées.
Z’allez me dire, deux mains gauches, ça n’aide pas non plus pour utiliser une tablette graphique. Sauf si on est gaucher. Ce que je ne suis pas. Sauf pour gribouiller, apparemment. Forcément, j’ai appris à dessiner avant de parler. Trouvez le rapport. Ou laissez tomber. C'est mieux pour votre santé mentale. La mienne est déjà bien entamée.

Sauf que ça se perd. Comme l’esprit critique.
Et j’ai sacrément perdu des deux. Je suis devenue fade. Me demande où je suis passée. Le jeu est terminé, Zizanie, reviens maintenant. C’est bon, t’as gagné.



Météo intérieure : Ciel bleu

Dans les oreilles : Radiohead - Videotape

Sous les yeux : Des tablettes graphiques


Publié dans Soliloques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article